En tant que vice-président de la commission des Affaires étrangères, de la Défense et des Forces armées, je me suis rendu en Suède et en Norvège aux côtés de mes collègues. Ce déplacement, marqué par des échanges riches avec des parlementaires, des militaires, des ONG, des chercheurs et des représentants de la société civile, a mis en lumière des enjeux qui dépassent largement les frontières du Nord de l’Europe : climat, sécurité, énergie, souveraineté.

L’Arctique : Épicentre du dérèglement climatique

L’Arctique a été au cœur de nos discussions. Cette région, longtemps perçue comme lointaine et immuable, est aujourd’hui l’épicentre du dérèglement climatique. Le réchauffement y est deux à quatre fois plus rapide que la moyenne mondiale. La fonte accélérée de la banquise et du pergélisol libère des gaz à effet de serre puissants, aggravant encore le réchauffement global. C’est un véritable effet boule de neige, aux conséquences planétaires. Ces bouleversements fragilisent les écosystèmes, menacent les espèces emblématiques comme l’ours polaire et mettent en péril les modes de vie traditionnels des peuples autochtones. Face à cette réalité, le constat s’impose : l’Arctique est devenu le laboratoire du futur climatique de l’humanité.

Le grand Nord : un théâtre stratégique pour la sécurité européenne

Mais ce territoire, fragilisé par la crise climatique, est aussi un nouveau front géopolitique. L’exploitation potentielle de ressources colossales – hydrocarbures, minerais critiques – attise les convoitises. L’ouverture progressive de routes maritimes inédites aiguise les rivalités. La Russie, déjà fortement implantée militairement dans la région, cherche à affirmer sa souveraineté, dans un contexte où l’invasion de l’Ukraine a gelé en partie les mécanismes de coopération au sein du Conseil de l’Arctique. Les tensions entre grandes puissances, accentuées par l’intérêt croissant de la Chine et la présence réaffirmée des États-Unis, font de l’Arctique un théâtre stratégique d’une importance majeure pour la sécurité européenne.

Notre responsabilité est claire : promouvoir une gouvernance internationale fondée sur la coopération, la science et la préservation des biens communs. La France, bien qu’État non riverain, doit pleinement assumer son rôle d’observatrice permanente au Conseil de l’Arctique et renforcer ses partenariats avec les pays nordiques, en particulier la Suède et la Norvège, qui portent historiquement une voix exigeante en matière climatique.

Ce voyage m’a conforté dans une conviction : nous ne pouvons dissocier climat et sécurité. La défense de notre planète est aussi un impératif stratégique. L’Arctique nous rappelle que les équilibres écologiques et géopolitiques sont indissociables ; c’est sur ce terrain que se joue, déjà, une part de notre avenir collectif.